Synthèse Journée PNDAR-CASDAR 2024

Synthèse de la Journée PNDAR-CASDAR 2024 : Améliorer les conditions de travail en agriculture

AGRICULTURE : améliorer le travail et son attractivité pour renouveler les générations. Le secteur agricole fait l'objet d'un grand nombre de travaux de recherche et de développement, dont un grand programme d'orientation sur cinq ans, le Programme national de développement agricole et rural (PNDAR, financement CASDAR). La journée annuelle, qui en restitue les résultats, était cette année consacrée à l'amélioration des conditions de travail en agriculture.

Dès l'introduction, par Marie-Bénédicte Peyrat (sous-directrice de la Recherche, de l'Innovation et des Coopérations internationales du Ministère de l'agriculture) et avant même d'aborder la crise agricole actuelle, il est rappelé que le PNDAR veut intensifier et massifier la transition agroécologique. Répondre au défi du renouvellement des générations agricoles est une de ses priorités, également mentionnée dans le projet de loi d'orientation du ministère présenté le 15 décembre 2023. Il faut donc mener une réflexion sur la qualité de vie au travail, le sens des métiers, leur attractivité, l'évolution des compétences, tout cela au regard des enjeux de l'innovation, de la transition écologique et du changement climatique.

Christian Huyghe (Directeur scientifique Agriculture INRAE) a posé d'entrée une interrogation philosophique : qu'est-ce que l'innovation ? Est-elle, comme au sens du latin "innovatio", un avenant à un contrat, donc possiblement une manière de prolonger ce qu'on appelle les verrouillages sociotechniques ? Est-elle, au contraire, l'avènement d'un changement total - ce qu'on entend par innovation de rupture ? Enfin, peut-elle se produire lorsqu'interviennent de nouveaux acteurs, ici dans le domaine de l'agriculture ? C'est bien à ces trois formes d'innovation que les travaux présentés permettaient de réfléchir.

Des exploitations de plus en plus diverses

Photo purseigle

François Purseigle (sociologue, INP Toulouse) a dressé un tableau analysant précisément la situation actuelle, ce qu'il décrit comme l'éclatement des formes d'exploitations agricoles, de plus en plus diverses : elles peuvent être patrimoniales, artisanales, industrielles. Cet éclatement s'accompagne de la raréfaction des exploitations constatée depuis les années 1990, qui va encore s'accentuer. La moitié des presque 400 000 chefs d'exploitation actuels partiront en retraite entre 2022 et 2030. Les exploitations étant liées à des actifs familiaux, il faut repenser la politique des départs dans une construction sociale et politique, comme l'était l'agriculture "conjugale", et donc prendre en compte le développement du salariat agricole (933 000 actifs).

Aujourd'hui la dimension familiale et patrimoniale, qui est encore très importante, peut contrarier un projet de construction économique. 44 % des chefs d'exploitation ne savent pas si l'exploitation sera reprise, et encore moins comment.

Des constructions de plus en plus complexes apparaissent, par exemple celle-ci : trois exploitations des membres d'une même famille, de 266 hectares, gèrent en tout 800 hectares en exploitation, via un GAEC d'élevage, une CUMA (l'un des propriétaires en est le salarié), deux SCEA et surtout une SARL de travaux agricoles, dont l'activité est au cœur de l'organisation de cet écosystème. Capital foncier, capital d'exploitation et exercice du métier sont alors disjoints dans un système pourtant familial à la base.

Ces logiques de complexification permettent de nouvelles formes d'insertion dans les marchés, plus d'anticipation, de réactivité et d'innovation, entre autres managériale. Mais cette gestionnarisation est aussi une déstabilisation du métier de l'exploitant qui se voit redéfini de façon exogène, par l'aval. La délégation intégrale représente même 16 à 18 % des exploitations, beaucoup plus dans certaines régions.

structure exploitations

L'activité se tertiarise : 77% des grandes exploitations ont recours à la délégation de travaux, et ce n'est pas par incapacité. Cela peut-être par le besoin d'un nouveau matériel performant, une façon de gérer les risques de certification, des contraintes d'agenda, et bien sûr la transition numérique y joue un rôle.

Dans ce cadre la gestion de la main d'œuvre et le renouvellement des générations sont des défis. Le climat, les marchés et les politiques publiques en posent aussi. En réponse apparaissent de nouvelles stratégies d'association, d'insertion, de délégation, et de nouveaux producteurs aptes à gérer la complexité en faisant appel à de nouvelles connaissances, un nouveau relationnel.

Parmi ces nouvelles formes d'entreprise, certaines sont investies par le secteur de la grande distribution, surtout pour des raisons d'image. Mais le plus significatif en termes de transition agro-écologique serait leur insertion dans les filières, or celles-ci sont nationales. Réarticuler ces entreprises avec le tissu local est un défi, c'est aussi un défi pour l'appareil de développement agricole, et en amont pour l'enseignement, qui doit repenser la production au-delà de l'installation, dans sa montée en complexité.

L'une des questions que l'on peut se poser (B. Dedieu) est de savoir si cette diversité des entreprises agricoles permettra la transition agro-écologique.

Travail, qualité de vie et sens du travail

outils travails

Mathilde Grau (FRCUMA Auvergne Rhône-Alpes, Projet Co-Agil) a mené une recherche-action, dont l'hypothèse de départ était que parler du travail favoriserait des collectifs inclusifs qui eux-mêmes faciliteraient le renouvellement des générations. Mais comment faire parler du travail alors qu'il est souvent tabou ? Il fallait pour cela former des accompagnants à savoir faire parler autour du sens, de la reconnaissance (par les prix, les pairs, soi-même), travailler sur le besoin de travail bien fait, entre le travail prescrit et le travail réel et in fine la capacité à coopérer avec son entourage.

Romain Dieulot (Réseau CIVAM, projet TRANSAE) a travaillé sur la transformation du travail par l'agroécologie : rend-elle les métiers attractifs ? Dans les ateliers de ruminants, passer d'un système à l'autre, souvent parce qu'il y a un déséquilibre au départ, est vécu comme un changement de métier. Comment l'accompagner ?

Il s'est intéressé au travail réel en analysant l'activité de la personne au travail, ses déterminants, et leurs effets sur l'activité elle-même, sur l'exploitation, et sur les personnes. Les systèmes de travail en agroécologie montrent certaines spécificités : ils comptent moins de tracteurs, moins d'astreintes, demandent plus de travail cognitif et collectif, offrent plus de sens et d'autonomie. Ce sont des éléments attractifs du travail, donc à développer pour le renouvellement des générations. " Il faut remettre le chiffre à sa place " dit Romain Dieulot et "remettre du qualitatif dans les indicateurs de performance", en accompagnant les personnes dans leur futur travail - une piste pour les professionnels du développement et du conseil agricole, nombreux dans cette journée.

Image Vannier

Véronique Vannier (Chargée de mission Travail en Agriculture, Chambre d'Agriculture de Bretagne, projet ORGA'NIC) a observé des collectifs innovants - en termes de communication, de salariat, de délégation du travail, d'inclusivité des personnes, d'activités. Ces organisations combinent agriculteurs et non-agriculteurs. Les 50 enquêtes menées en ont étudié la main-d'œuvre, le fonctionnement, l'organisation et le volume du travail, les relations avec l'extérieur, les valeurs qui les animent, les formes d'accompagnement dont ils bénéficient. Il en ressort une documentation pratique pour, par exemple, partager un site dans un écovillage, s'orienter sur les formes juridiques, associations, groupements d'employeurs, CUMAs. Elle a aussi contacté et étudié des cédants, dont les résistances se fondent sur des appréhensions : quelle rentabilité, quelle entente, quelle gouvernance pour ces collectifs ? Il ressort de son étude que ces collectifs mobilisent d'autres leviers et que la performance humaine y est mise en avant (la délégation y est très développée).

Le monde du travail agricole est-il spécifique ? Selon Romain Dieulot, il l'est dans sa difficulté à aborder le changement (pour des raisons familiales entre autres) et dans ses difficultés à parler aussi. Il faudrait donc savoir passer du conseil technique à l'accompagnement des personnes. Au sein des nouveaux collectifs s'ouvrent de nouveaux outils de parole, de décision collégiale, et un espace pour le bien-être au travail.

Comment s'entraider, partager et apprendre en collectif ?

TRAC

Le projet TRAC (Christine Guinamard, IDELE) s'est penché sur l'organisation du travail dans différents systèmes en circuits courts : bovins lait ou caprins avec transformation et commercialisation, production et vente en maraîchage d'une large gamme, filière viande bovine et ovine. Le travail en circuit court est plus complexe que sur une autre exploitation : outre la production, la gestion financière et des ressources humaines, l'administration, il y a encore la transformation et la vente. On a besoin d'accompagnants et de guides (voir ici).

Pour une très large majorité des interrogés (34/56) la vente en circuit court est porteuse de sens, mais 7 en parlent comme d'un travail physique et usant. Le travail a été analysé sous deux axes, entre contribution (ce qu'on lui donne, par exemple le temps passé) et rétribution (ce qu'il offre ou permet, par exemple une certaine qualité de vie, du temps libre). Chacun, selon son âge, son équilibre de vie, l'âge de l'exploitation, recherche un équilibre différent mais un groupe apparaît nettement insatisfait sur un point : la difficulté à se ménager des temps de repos. L'analyse en cours a pour objectif de se donner des clés pour intervenir, de mieux cerner les trajectoires des exploitations et les aspects économiques de la rétribution. Il restera à trouver les bons canaux pour amener les porteurs de projets à mieux anticiper, et former les accompagnants à la complexité.

AgriColl'

Fanny Thuault (ARDEAR Occitanie, projet AgriColl') a présenté le développement d'une méthodologie commune pour accompagner des fermes installées en collectif, car s'il y a beaucoup de projets, il y a peu de connaissances. Au regard des injonctions diverses faites aux exploitations agricoles, du manque de main d'œuvre, des astreintes éreintantes, le travail en collectif pourrait apparaître comme une solution, et un atout pour la transmission des exploitations. Il y a cependant un fossé entre les exploitations à transmettre et les projets d'installation. Est-il infranchissable ? 25 collectifs réunissant au moins deux personnes (hors famille) ont travaillé à échanger et capitaliser des connaissances sur ce qui pouvait favoriser l'installation. Trois podcasts en résultent sur l'émergence des projets collectifs, l'organisation du travail, les aspects humains (voir ici).

Globalement, de la ferme à l'assiette, le fonctionnement en collectif permet de développer différents ateliers et ouvre du temps pour soi, pour une vie sociale, ce qui est une demande forte des jeunes générations.

Muriel Astier (responsable formation du réseau TRAME) a présenté un retour d'expérience sur une formation au management (en 30 heures) des adhérents du réseau. Il s'agit de "sortir du management à la papa", de savoir déléguer et développer ses collaborations. Comme dans le cas du fonctionnement collectif, il semblerait que ce soit plus facile de s'y engager pour ceux qui ne sont pas issus du milieu agricole.

L'après-midi était consacré à des questions plus techniques. Comment réduire la pénibilité du travail agricole ? Trois études de terrain ont été présentées.

Réduire la pénibilité du travail agricole

lit de desherbage

Maët Le Lan étudie à la station expérimentale d'Auray (CA Morbihan) les contraintes spécifiques du maraîchage en AB. Parmi les 10 facteurs de risque que liste le Code du Travail, 7 sont présentes en maraîchage et 9 maraîchers sur 10 souffrent de troubles musculo-squelettiques (TMS). Il est donc intéressant d'étudier par des tests si des robots peuvent réduire la pénibilité, comment, et compte-tenu de leur coût, si cela est rentable.

Dans le cas d'une plantation de tomates, le robot testé allège la pénibilité au niveau du dos, mais pas des épaules. Il pose en outre des problèmes d'adaptation, selon la taille des personnes par exemple. Dans le cas du désherbage de l'oignon, il faudra de toute façon repasser après le robot et faire une partie du travail à la main. Des questions restent donc en suspens, dont les questions économiques. Le projet "Assistant" (2022-2026) va élargir la gamme des outils testés et prendre en compte la charge mentale et les coûts.

photo Irouléguy

Juliette Cheval (fédération des CUMA Landes-Béarn-Pays Basque) a présenté une démarche d'"autoconstruction de solutions de travail en agriculture". Dans le vignoble d'Irouléguy, 140 hectares sont en terrasse et en pente. Le désherbage mécanique est difficile, et 40 % du vignoble en bio. Les viticulteurs ont donc recours au débroussaillage manuel (4 à 6 passages de rotofil par an). La Cuma, en concertation avec la Cave d'Irouléguy et le CIVAM, a contacté l'Atelier Paysan. Les techniques actuelles ont été étudiées avec un ergonome, et un cahier des charges rédigé à partir des contraintes, du besoin de variabilité, des recommandations opérationnelles - ménager une bonne visibilité, une hauteur de coupe ajustable, préserver les pieds de vigne, travailler sur deux rangs. Il est aussi très important d'éviter les accidents en bout de rang et que le matériel soit résistant et réparable.

 

Parmi les intérêts de la démarche, l'Atelier paysan a dispensé une formation à l'autoconstruction, a permis des échanges et un soutien technique. Des essais au champ et des adaptations ont été possibles. Les retours sont bons et l'on peut voir le plan de l'outil sur l'Atelier Paysan (ici). Parmi les difficultés, il faut signaler le nombre des partenaires, le fait que les solutions très techniques ne sont pas à la portée de l'autoconstruction, que des questions de conformité des machines peuvent se poser, enfin qu'un soutien financier est indispensable pour un tel projet.

Jean-Louis Poulet, de l'Idele a présenté les résultats de ErgoTraite, une étude menée en partenariat avec la Mutualité sociale agricole dont l'objectif est d'assurer la durabilité des traites bovines « conventionnelles », c'est-à-dire mécanisées mais non robotisées. Cela passe par une amélioration globale de la traite, visant le confort de travail (diminution du risque de TMS) mais également le bien-être des animaux (voir ici).

Des prévisions font état de 70 % de traite manuelle jusqu'en 2030. Il s'agit de travail posté, dans lequel il peut être nécessaire de s'adapter aux veaux, à l'état des vaches laitières, à la clientèle parfois, et avec des facteurs de pénibilité : postures, circulations, nettoyage. Une approche ergonomique prend en compte les distances horizontales et verticales en fonction de la longueur du bras, de la taille des vaches, les dimensions des trayons, de la trayeuse, ainsi que la charge mentale et les risques psycho-sociaux. C'est un secteur où les attentes sont fortes.

Une question est alors posée, dit Christian Huyghe : à ce stade, ne faut-il pas envisager de faire autrement en reconcevant le système ? Pour Maët Le Lan, c'est nécessaire au vu des échecs en maraîchage : il y a beaucoup d'abandons et il faut bien repenser un système quand il casse au bout de quatre ans. Pour Jean-Louis Poulet, on ne modifiera pas la vache, car "il lui faut un confort", mais peut-être faut-il sortir de certaines routines pour réfléchir autrement.

Au vu des limites de l'autoconception, réglementaires, techniques et financières, la question de faire appel à des partenaires industriels ou ayant l'expérience de la conception industrielle se pose (voir l'enjambeur de Romanesco ici).

La santé au travail

La session 4 s'est penchée sur la santé des agriculteurs et travailleurs agricoles avec Solène Lagadec (AIR Eleveur, équipe "porc" de la Chambre d'agriculture de Bretagne). En élevage de porcs ou de poulets, le risque respiratoire est d'inhaler de l'ammoniac (généré par les déjections) et des particules organiques et inorganiques. Les travailleurs ne sont pas tous conscients du risque. Beaucoup le minimisent ou le justifient par les contraintes, voire le dénient. Sensibiliser, dit Solèene Lagadec, c'est délivrer une information objective sur ces risques, enfin donner des moyens de prévention et de protection. 21 élevages ont été suivis lors de quatre phases de travail - et sur certaines tâches (le tri des porcelets, le ramassage des poulets) les seuils réglementaires sont dépassés même quand les moyennes mesurées sont globalement en-dessous. Il y a donc un risque de difficultés respiratoires sur les tâches longues. La prévention doit agir sur l'aliment, la ventilation, les effluents et la protection par des masques (que très peu de travailleurs en élevage portent) doit être généralisée mais le prix et le confort des équipements sont un frein. Il est clair que la sensibilisation ne suffit pas pour qu'ils passent à l'action[1].

suicide agriculteurs

Juliette Protino (responsable Bien-être animal chez La Coopérative agricole) est venue présenter le réseau Sentinelle, dont l'objectif était depuis 2019 de lutter contre le suicide chez les agriculteurs, une population plus touchée que la population générale (+20%), en particulier les éleveurs hommes. Divers dispositifs existent : Agriécoute (MSA), AlloAgri (Coordination rurale), mais ils ont leurs limites. Partant du principe que les contacts des agriculteurs (livreurs, voisins) sont des sentinelles possibles, Eliance (anciennement ANFEIA ) peut les former à "Repérer, Alerter (en les dirigeant vers 270 professionnels de l'accompagnement) et Agir" en se protégeant également. Le réseau Sentinelle ayant connu des difficultés doit être reformaté en une politique publique sous l'égide du Ministère.

 

Sur le même sujet Marie-Andrée Besson (productrice de lait en Comté et Présidente de Solidarité paysans) a exposé l'action de cette association pour qui l'agroécologie est un levier pour redresser les exploitations menacées - et littéralement sauver des paysans, car elle permet d'adopter des pratiques plus économes et plus autonomes dans la perspective de trouver des marges financières et d'aller vers une production vivable et durable.

Solidarité Paysans

Solidarité paysans a documenté le cheminement de ces changements de pratiques dans 40 monographies étudiant les parcelles et le troupeau, la ferme et ses possibilités de diversification, la filière dans laquelle elle s'insère et les moyens d'augmenter la valeur ajoutée. Les changements de pratiques, dit Marie-Andrée Besson, répondent à une crise. Concrètement, Solidarité Paysans met en sécurité financière ceux qui font appel à elle en s'attaquant au traitement de la dette. Elle mène parallèlement un travail collectif d'écoute et de soutien et vise une libération par rapport à l'intégration "verrouillée" dans une filière. Les bénéfices en sont nombreux : amélioration dans le temps de l'excédent brut d'exploitation, réorganisation du travail, diminution du stress, création de liens et de sens dans le travail. En redécouvrant certaines pratiques, l'agriculteur peut aussi se réapproprier son système, la souffrance résidant en partie dans le fait d'être ou de se sentir impuissant à améliorer sa situation

Solidarité Paysans travaille avec un cadre d'analyse qui est celui de la psychodynamique du travail. Tendre vers l'autonomie, avec l'agroécologie, dit l'association, permet au sujet de retrouver l'estime de soi, de s'affranchir des parents, du modèle, et de se sentir reconnu par ses pairs.

Sophie Chauvat (Idele) a présenté l'action du Réseau mixte Technologique (RMT ) "Travail en agriculture" qui cherche à accompagner les travailleurs de la production agricole vers des métiers plus vivables, avec un objectif : que le travail soit une donnée considérée et plus une variable d'ajustement. Différents axes de réflexion sont prévus, dont les transformations du travail en agriculture, les organisations collectives, la qualité de vie au travail. Diverses publications et symposiums seront consacrés en 2024 et 2025 au sens du travail, à la charge mentale, à sa prise en compte dans l'enseignement agricole, au futur de l'emploi en agriculture, avec des dimensions internationales. Le RMT a initialement beaucoup travaillé sur les systèmes d’élevage, et développe des projets touchant le végétal. Quel que soit le système de production, il s'agit de mettre l'humain au centre.

Parmi les questions, celle de l'accompagnement du conseil agricole qui est appelé à changer, puisque le travail change.

Conclusion

Dans ses mots de clôture, Marie-Bénédicte Peyrat a souligné la diversité des acteurs mobilisés, des approches et des compétences (enseignement, développement, recherche) pour accompagner l'agriculture dans sa complexité - celle des exploitations et de leur(s) organisation(s), celle du travail, auxquelles les méthodes d'accompagnement doivent elles aussi s'adapter. Face aux aléas et dans la perspective des transitions, des prospectives et outils d'aide à la décision sont nécessaires. C'est entre autres à produire des connaissances actionnables que s'attachera le prochain PNDAR.

Pour Christian Huyghe, il semble bien que l'attractivité soit à revoir à l'aune de l'amélioration des conditions de travail. Ensuite, qu'est ce qui est spécifique de l'agriculture ? Il semblerait que ce soit l'intensité des aléas. Beaucoup d'études de cas et de livrables ressortent de cette journée mais on n'a pas de typologie. Pour aller plus loin, on aura besoin de l'apport des sciences sociales. Retenons que bon nombre des améliorations pour le travail se font par le travail, dans une sorte de co-conception qu'il faudrait intégrer dans l'innovation, en pensant au travail dès le début. Le numérique peut aider à décider, à alléger la charge mentale : comment l'utiliser dans ce sens ? Enfin gardons à l'esprit que le climat est un système non prévisible : on ne travaillera pas à système constant. Et c'est un système global : nous devons aussi réfléchir au travail hors de nos frontières.

Voir aussi

Le Compte d'affectation spéciale développement agricole et rural (CASDAR) a été créé par la loi no 2005-1719 du 30 décembre 2005 (loi de finances 2006). Il a pour objet de financer les actions dans ce domaine.

[1]Le Code du travail fait obligation à l'employeur de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Code du travail, chap. 1, art. L4121-1 à L4121-5.